L’école autrement :
les pédagogies du bonheur expliquées par Antonella Verdiani
Docteur en sciences de l’éducation, Antonella Verdiani signe Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, en librairie le 26 septembre. Elle y décrit les « pédagogies et méthodes pour éduquer à la joie » qu’elle a pu observer en France mais aussi ailleurs dans le monde, notamment lors de sa mission de responsable des questions d’éducation pour l’UNESCO. Un ouvrage précis et argumenté qui explique les différentes pédagogies alternatives existantes et leurs valeurs. Entretien.
Terrafemina : Que peut-on reprocher au système d’éducation traditionnel français ?
Antonella Verdiani : Tout d’abord, il est bien trop rigide. Il n’y a pas assez de passerelles entre les matières… Et l’apprentissage par cœur est au centre du système, sans laisser à l’enfant l’occasion de s’exprimer. La discipline seule ne sert à rien ; c’est la discipline dans la joie qui peut faire avancer. Le système italien par exemple, celui que j’ai connu enfant, est beaucoup plus basé sur l’oral ; en philosophie, tous les cours étaient parlés.
Tf : Comment penser l’évaluation scolaire sans système de notation ?
A. V : Toute l’école traditionnelle est basée sur la compétition, qu’entraîne le système de notation. Et on en oublie la coopération. C’est comme le capitalisme. Avec la méthode du Libre Progrès, les enfants s’auto-évaluent, et c’est beaucoup plus positif.
Tf : Dans les différentes écoles alternatives que vous évoquez dans votre livre, quels sont les éléments pédagogiques qui « rendent les enfants heureux » ?
A. V : Tout d’abord, l’enfant est mis au cœur de l’enseignement, et tout est fondé sur la liberté. La liberté pour l’enfant de s’exprimer à l’oral, mais aussi physiquement ; il n’est pas obligé de rester assis par exemple. Dans ces méthodes, on donne également de l’importance au corps, il y a un équilibre entre le développement mental et physique. Sans pour autant aborder la religion, ces pédagogies alternatives sont ouvertes à la dimension existentielle de la vie ; on n’aura pas peur d’aborder la question de la mort par exemple, face à un enfant qui perd un proche. La place est laissée aux émotions, contrairement à l’école traditionnelle où il ne faut pas pleurer ou trop rire.
Tf : Quelle expérience personnelle avez-vous de l’école, en tant qu’ancienne élève et mère ?
A. V : Moi j’ai suivi mon cursus en Italie, qui était déjà beaucoup influencé par le système Montessori. Avec mes enfants, j’ai eu l’occasion grâce à leurs choix de voir différentes méthodes : mon premier est allé dans une école publique à Paris, le deuxième dans une école nouvelle, au fonctionnement très proche du système Freinet, et la troisième à l’école alternative de Brockwood Park en Angleterre.
Tf : D’après vous, comment vont évoluer les systèmes d’éducation alternatifs qui existent actuellement ?
A. V : On en est au début, mais il y a déjà beaucoup d’expériences qui se font dans le domaine des pédagogies alternatives, et également au niveau de l’université. Le problème, c’est peut-être que ces initiatives sont trop isolées.
Tf : Comment voyez-vous l’école du futur en France ?
A. V : J’espère que la réforme de l’école par le gouvernement qui est en cours ira dans ce sens-là… Je suis confiante, il y a quelques représentants des écoles alternatives parmi les experts qui réfléchissent à la réforme. On verra ce que ça donnera…
« Ces écoles qui rendent nos enfants heureux », Antonella Verdiani, éditions Actes Sud – Domaine du possible, 22€.
Crédit photo : Fanny Dion
« Ces écoles qui rendent nos enfants heureux », Antonella Verdiani, éditions Actes Sud – Domaine du possible, 22€.
Crédit photo : Fanny Dion
Retrouvez notre dossier spécial consacré à l’Ecole autrement.