Trucs et astuces pour ouvrir une école différente

Atelier à Paris avec Laetitia Sauvage

            co-fondatrice de L’Ecole Oasis des enfants, Ile de la Réunion                 

Comment créer une école une école « différente » des écoles du système conventionnel, plus libre, plus ouverte aux valeurs de solidarité, coopération entre les élèves, partage entre les enseignants, bien-être… ? Cela semble un rêve impossible à réaliser pour beaucoup de parents et professionnels de l’éducation qui sont découragés parfois par l’importance administrative des démarches, par le fait que ces écoles doivent se situer (au moins au début) dans le privé, donc inaccessibles par les frais de scolarité à la majorité des familles, par le manque de place, de bâtiments conformes eux règles, … Pourtant, des exemples existent et fleurissent tous les jours dans la planète ! Et même en France, de pareils rêves se concrétisent !
Voici l’exemple de Salanganes, association éducative qui a posé la première pierre d’une école maternelle et primaire à l’Ile de la Réunion. L’Oasis des enfants ouvrira ses portes à la rentrée 2014/2015 et accueillera des enfants de 4 à 11 ans. C’est une école plurilingue, artistique et écologique qui a pour vocation de devenir une école publique expérimentale. Comment ont-ils fait ? Quelle a été la méthodologie adoptée ? Le processus ? Quels « trucs et astuces » après 4 années d’expérimentation peuvent être partagés ?
Pendant une journée, Laetitia Sauvage une des fondatrices de ce projet, vous ouvrira les portes de son expérience dans la création de cette école « de rêve» et pourtant concrète. Elle témoignera de l’importance de clarifier votre intention et votre vision avant de vous lancer. Des exercices vous seront proposés ainsi que les premiers éléments d’une méthodologie de projet, base d’une formation que nous vous proposerons.

   
( à revoir… TEDx :https://www.youtube.com/watch?v=9ryWNepzPDk )


Après un Master en Communication interculturelle spécialisé en Didactique des langues, Laetitia Sauvage est engagée dans un travail de recherche doctorale en Sciences de l’éducation. Fondatrice d’un centre de ressources pour l’enfance dont elle coordonne aujourd’hui les différentes activités, elle intervient actuellement après 5 années d’enseignement universitaire auprès d’un public adulte dans le cadre de la formation professionnelle. Plusieurs stages en lien avec la formation continue, la communication non violente et les processus d’intelligence collective complètent son parcours qu’elle oriente essentiellement vers la recherche et l’innovation pédagogique. Aujourd’hui responsable pédagogique de Salanganes, centre de ressources pour l’enfance, elle coordonne offre de formation, accueil pédagogique innovant et mise en place d’une école alternative.


Trucs et astuces pour ouvrir une école différente | Printemps de léducation

Lieu : Paris (adresse à préciser selon le nombre d’inscrits)
Coût de la journée : tarif plein 80€ – tarif étudiant et chômeur 50€ (nous consulter si difficultés). 

STAGE DU 15 et 16 FEVRIER

Stage « Eduquer à la joie » : 

qui suis-je lorsque j’éduque, j’enseigne, je transmets?

Dans ce stage nous
allons interroger la question de la transmission du savoir être et du savoir,
en relation à la joie, notre trésor intérieur, notre essence.
Il s’agit pour nous
de :
–      
savoir  être
–      
savoir être ensemble
–      
savoir connaître
–      
savoir faire
en relation à ce
qui existe de plus précieux en nous, la joie de vivre.

Nos références sont
les quatre piliers de l’éducation du Rapport à l’Unesco de la Commission
internationale sur l’éducation pour le XXIe siècle, L’éducation, un trésor est caché dedans ( http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/delors_f.pdf ) :
1.    
apprendre à être
2.    
apprendre à être ensemble
3.    
apprendre à connaître
4.    
apprendre à faire
Le lien entre
« apprendre » et « savoir » est résolu dans la définition
très large que nous avons choisi du terme « apprendre », que nous
qualifions comme « un processus d’éducation et de connaissance tout au
long de la vie »
(learning). De
plus, en français, le verbe « apprendre » a le double sens de
acquérir ou de faire acquérir une connaissance (j’apprends en tant qu’élève,
mais j’apprends (un cours) à un élève). La question se pose donc de savoir qui
apprend dans la transmission (j’apprends en apprenant, je sais que je ne
sais pas, ce qui rappelle la figure de Jacotot, le maître ignorant).
Pour tenter de
répondre à ces interrogations et à d’autres qui concernent essentiellement la
posture de l’éducateur, il est question pour nous, avant toute autre démarche
éducative, de commencer par le pilier « apprendre à être », ce qui fondera
le parcours proposé et nous mettra en contact avec la partie plus lumineuse de
nous-mêmes, la joie.
Journée
1.
1.     Apprendre à être
–      
Présentation du déroulé détaillée
–      
Rappel des concepts et du travail
développé pendant le module de base :
o  
la joie, le bien-être dans l’éducation
o  
l’éducation intégrale
o  
les 4R, reconnaître, résonner,
révéler, réveiller, etc.).
–      
Autres notions : engagement, autorité,
discipline, effort, fragilité, bienveillance, humanité,…
–      
Apprendre à être : qui suis-je
lorsque j’enseigne ? d’où je pars ? quelles sont mes
motivations ? prendre conscience, passer de agent à acteur, à auteur de
sa propre vie… de son métier d’enseignant  
–      
Exercices : travail sur la
posture/ l’éducateur que je suis/mes projections
2.     Apprendre à être ensemble
–      
La culture de la paix  et l’éducation à la paix (notion,
références et cadre national et international)
–      
Pédagogies favorisant le vivre ensemble
et la coopération (exemples)
–      
Méthodes et outils pédagogiques
existants 
–      
Exercices coopératifs et jeux de rôle
Journée
2.
3.     Apprendre à (se) connaître
–      
Méthodes et méthodologie (approche
transdisciplinaire, systémique, intégrale, mind mapping, etc.)
–      
Exercices autour d’une méthode
–      
Un exemple de nouvelle
méthode : la pédagogie fractale, une vision holographique
–      
Exercice : de l’intime à
l’amplification (clown)/ faire parler un objet (il raconte son histoire)
–      
Les intelligences multiples (Gardner)
et l’école
–      
Exercice et mises en scène
4.     Apprendre à faire
–      
Faire ou savoir-faire ? les
savoir-faire immatériels et matériels (la reconnaissance du patrimoine
immatériel au même titre que le matériel) et la question des compétences, la
qualification (la spécialisation croissante face à la nécessité d’une approche
globale)
–      
« Faire » n’est pas
dévalorisant : alterner théorie et pratique (pédagogies coopératives)
–      
Stimuler la créativité
–      
Exercices 
–      
Conclusion du stage




Le stage sera animé par 

Antonella Verdiani, docteur en sciences de l’éducation, formatrice, conférencière 

Antonella Verdiani 
Ces écoles qui rendent nos enfants heureux
Actes Sud 2012
Page Facebook : 
Ces écoles qui rendent nos enfants heureux

Printemps de l’éducation : 
www.printemps-education.org 

et Evelyne Girard, clown, art-thérapeute, formatrice en expression vocale. 

Où, quand, combien?

A Paris (14ème)   

Les 15 et 16 février 2014  (9h30 – 17h30)

Prix : 180€
(nous consulter si difficultés de paiement)


Inscriptions et renseignements : girard.evelyne@wanadoo.fr 

Le Libre progrès

La méthode du Libre progrès (Free Progress) 


Le Libre progrès, est une méthode pédagogique considérée
aujourd’hui encore comme une des plus innovantes du point de vue de
l’expérimentation en éducation. Originalement cette pédagogie a été élaborée
sous ce nom en 1960 à l’Ashram de Pondicherry  (le SAICE, Sri Aurobindo International Center of Education) en Inde, inspirée par la consigne essentielle donnée par
la Mère, la compagne spirituelle de Sri Aurobindo: « rendre les gens heureux ». C’est à ce moment que un enseignant de l’Ashram,
élève de Mère, propose à titre d’essai un enseignement « libéré des
programmes et des examens »… L’expérience est donc baptisée Libre
progrès
 : libre parce que l’élève, en effet, est laissé libre de
s’orienter vers ses préférences propres pendant qu’il progresse vers
l’expression la plus haute de son potentiel.   
Dans le Libre progrès, l’enfant choisit ses
sujets d’études sur la base de ses centres d’intérêt et il voit l’enseignant
quand il besoin d’être guidé, conseillé sur un argument ou un autre. Ici, selon
les principes de l’éducation intégrale, l’enseignant est un « gourou »,
selon l’étymologie sanskrite qui signifie «enseignant »,
« professeur », ou « celui qui dissipe les ténèbres », dans
une position distante mais présente à la fois. Aujourd’hui le Libre progrès est encore adopté par des élèves
du supérieur de l’école de l’Ashram et, avec une adaptation au contexte
international et interculturel, dans des écoles d’Auroville. 
A l’école de l’Ashram des grandes photos de Mère et Sri Aurobindo sont affichées sur les murs des classes
et les références aux « gourous » sont extrêmement fréquentes, comme
l’affirme par exemple cette enseignante :
 « Il y a
beaucoup d’indications écrites. Ca veut dire qu’il y a des livres où la Mère a
dit exactement, ce qu’il faut faire à
l’école avec les enfants – comment enseigner. (…) Mère dit dans ces écrits que
le Libre Progrès ne veut pas dire qu’il n’y a plus de discipline ;  pour discipliner les enfants il y a des
activités. Il faut les faire. »
Dans
un entretien avec A., ancien élève et jeune enseignant du SAICE, j’ai posé la
question de l’influence de la présence de Mère qui me paraissait être encore
très forte, par la citation de ses écrits ou encore, par les témoignages de ses
anciens disciples qui sur tel ou tel sujet, rappellent ce que Mère a dit:  « Est-ce que les parents des
enfants de l’école de l’Ashram ressentent cette présence comme un besoin ou,
plutôt, comme les parents d’Auroville ils commencent à revendiquer une certaine
liberté par rapport au passé ? », A. répondait :
« Ses messages
et commentaires servent certainement de guide dans l’école de l’Ashram. Mais
peut-être que l’on pourrait examiner la question d’une perspective plus large,
plus « intégrale » ? Mère a dépensé une partie importante de ses
énergies pour enseigner, construire et guider l’école de l’Ashram pendant que
les écoles d’Auroville, par la force des choses, étaient laissées à elles mêmes
pour comprendre et mettre en œuvre le Pourquoi,
le Quoi et le Comment de l’Education intégrale.
Par ailleurs, il faut considérer les différences de culture entre Auroville et
l’Ashram (l’influence de la culture sur l’esprit de l’Ashram et d’Auroville).
L’Ashram, avec une majorité d’indiens parmi les parents, les professeurs et les
étudiants, tend vers l’évocation de la Bhakti
ou Dévotion, cela signifie que les parents ont la foi et la confiance que
leurs enfants grandiront sous l’égide de la Mère dans l’école de l’Ashram.  Il y a un élément de lâcher prise très
fort en eux. Les écoles d’Auroville, étant des organisations beaucoup plus
jeunes avec une population en provenance de pays de culture occidentale, ont
une tâche redoutable en voulant mettre en place un système d’Education
intégrale. A cela il faut ajouter la difficulté du fait que la culture
occidentale tend a rationaliser et douter de tout, ainsi la composante de
confiance de la part de parents issus de cette culture est certainement moins
forte. »


Jean, français, qui aujourd’hui enseigne à Auroville, a participé à l’Ecole du Libre Progrès (de 1969  à 1977) et connu Mère qui suivait de près cette expérience pédagogique avec des enfants de 9 – 11 ans du cours primaire. Il parle de ces années comme des plus belles de sa vie. Je lui demande de me les décrire en allant dans ses souvenirs. Ses yeux prennent un air rêveur…
« C’était vraiment passionnant ! Nous étions libres et protégés en même temps: libres de faire cette expérience avec quelques élèves de notre école, leurs parents étant eux-mêmes dans l’Ashram, donc totalement confiants dans les décisions prises par Mère. Protégés, du fait que nous étions en dehors du système scolaire public, sans contraintes de diplômes ou d’examens à donner à la fin du cursus. Il faut savoir que tous les enfants ne pouvaient pas suivre le Libres Progrès, qui était (est) destiné seuls à ceux qui étaient « près de leur être psychique » comme disait Mère. Je pense que ceci est encore vrai car il y a des élèves qui ont besoin d’être encadrés par une structure ou un système, tandis que d’autres, s’ils sont accueillis dans un environnement propice qui les fais sentir libres de s’exprimer et confiants, sont assez rapidement en mesure de reconnaître ce qui les intéresse, ils savent par quoi ils sont portés et attirés à l’école comme dans la vie. » 
Je lui demande comme savoir si un enfant est « prêt de son être psychique » ; comment fait-il pour le reconnaître ? Il me dit « ça dépend justement, de la capacité de l’enseignant de capter cet aspect dans l’enfant. Mère pouvait le faire tout de suite, moi, je me base sur mon expérience, ce que j’ai développé pendant toutes ces années. C’est donc une capacité de l’enseignant à être d’abord prêt de lui-même pour pouvoir reconnaître l’enfant qui l’est aussi. L’élève démontre en premier son potentiel, l’enseignant observe, « cueille » ce que l’enfant offre, comme dans un jeu à deux. Sri Aurobindo disait que le maître doit être avant tout un yogi, reconnaître son être intérieur et guider l’élève vers son épanouissement. C’est ce qu’on cherche à mettre en place ici, à Auroville». 


… un dossier Télérama: 

UNE AUTRE
ÉCOLE EST
POSSIBLE



Ils sont de plus en plus nombreux
à étudier en dehors du système scolaire
classique. Cours par correspondance
ou écoles alternatives affirment mettre
l’enfant au coeur de l’enseignement.

Serait-ce l’éducation de demain ?



On y parle des « enfants moteurs de leurs acquis », 

de ces écoles Montessori, Steiner ou Freinet, 

« qui n’ont jamais autant eu le vent en poupe »,
des interventions de Charlotte Dien, André Stern, Jean-Pierre Lepri, Antonella Verdiani, Sylvie Martin-Rodriguez…


Et Audrey Maurin, Déléguée générale de la Fespi, de déclarer 

– et nous sommes totalement en phase :
« Les système peut reprendre à son compte cette offre alternative et être ambitieux pour ses élèves » et qui en appelle à « un courage politique fort ». 
D’autant plus indispensable, selon l’historien Bruno Poucet, 
que « l’école est le lieu du vivre ensemble ».

A ne pas manquer, Télérama daté du 1er au 7 juin!

Interview sur Myboox

Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux. Pédagogies et méthodes pour éduquer la joie

Réforme de l’école : la Finlande, le modèle de Vincent Peillon ? 

Article de Lauren Malka http://www.myboox.fr/actualite/reforme-de-l-ecole-la-finlande-un-modele-pour-la-france–20617.html

22/01/2013

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Le système éducatif finlandais apparaît visiblement comme le modèle à suivre pour Vincent Peillon. De quelle méthode s’agit-il ? Antonella Verdiani, auteur du livre Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux, paru en septembre 2012 chez Actes Sud, nous  éclaire. 

« Nous allons faire comme la Finlande. Il y aura parfois deux enseignants dans une classe de CP ou de CE1 pour apprendre à lire où à écrire« , a déclaré le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon au Grand Journal sur Canal + lundi 21 janvier, à la veille de sa première grève d’enseignants, ce mardi.
 
Que signifie « faire comme la Finlande » ? Et pourquoi le modèle nordique revient-il de façon aussi récurrente dans les discours liés aux réformes de l’éducation ? Pour Antonella Verdiani, docteur en science de l’éducation, responsable pendant 18 ans des questions d’éducation à l’UNESCO et auteur d’un livre récent intitulé Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux(Actes Sud, 2012), le modèle finlandais devient clairement l’un de ceux auxquels les chercheurs s’intéressent le plus. « Des cars entiers de professeurs de toute l’Europe vont en Finlande pour y faire leur stage ».


La Finlande : des enseignants valorisés, un système éducatif plus coopératif


Comment expliquer une telle popularité ? « Tout d’abord, nous explique Antonella Verdiani, le système finlandais valorise le métier d’enseignant. La formation dure environ 5 ans ou plus, la sélection est importante et le salaire est intéressant dès le début de carrière. C’est une profession reconnue socialement. Ensuite, leur façon d’enseigner est bien moins directive que dans d’autres pays. En France par exemple, le mobilier du professeur est symboliquement très hiérarchique, en particulier dans les universités ou les amphithéâtres sont très intimidants, tant pour le prof que pour les élèves. En Finlande, par exemple, les élèves sont mobiles et travaillent dans un esprit plus coopératif, par projets collectifs et non par performance individuelle. Je pense par exemple à une école expérimentale située à Joensuu ».
 

Au Canada, un modèle d’école alternatif et public

Mais la Finlande n’est pas le seul pays à proposer ce type de méthode et n’est d’ailleurs pas central dans l’enquête d’Antonella Verdiani. Le Canada apparaît, aux yeux de cette spécialiste, comme un exemple tout aussi pertinent : « A Jonathan par exemple, une école publique située au Québec, les élèves sont libres d’établir leur propre programme scolaire, de travailler sur les sujets qu’ils choisissent. Les élèves ne sont pas compartimentés par niveaux de classes mais coopèrent tous pour des projets communs, dans des logiques collectives. Les plus grands aident les plus petits. C’est une méthode qualifiée ici d’ »alternative » mais qui est « publique » au Canada »


Antonella Verdiani : « Je suis déçue par le rapport de l’éducation »


Peut-on espérer que les projets de loi de Vincent Peillon tendent dans le sens d’un développement similaire à celui de la Finlande ou du Canada ? Pour Antonella Verdiani, difficile à dire pour l’instant. « A ce jour, il n’y a que des projets de loi qui tentent de mettre tous les syndicats d’accord, ce qui est très difficile, je le reconnais. Cependant, je suis déçue par le rapport que je viens de lire. J’attendais plus de réflexion sur le rapport pédagogique. Ce n’est pas une demi-journée en plus qui changera quelque chose. Je serai plus optimiste le jour où je verrai un projet de réforme qui s’inspire davantage des modèles alternatifs et expérimentaux en supprimant les notes et en introduisant plus de coopération entre les élèves« . Aucune proposition de ce type ne se dégage pour l’instant des projets de loi.
 
Vincent Peillon s’appuie pourtant sur des principes proches de ceux des pays cités par la spécialiste, en évoquant l’importance du plaisir d’apprendre et de la valorisation de l’enseignant. On en saura plus en découvrant le livre-programme du ministre-philosophe Vincent Peillon à paraître le 23 février prochain.
 
L.M.

Un article sur Le Nouvel Observateur

Le guide des écoles « différentes »

Créé le 25-09-2012 à 17h25 – Mis à jour le 26-09-2012 à 16h41

Un panorama réjouissant de ces écoles où les enfants ont le droit de rêver, d’expérimenter, de choisir et… même de  se tromper.

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Non,le classement, la notation et la compétition ne sont pas des fatalités scolaires. SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

Non,le classement, la notation et la compétition ne sont pas des fatalités scolaires. SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

A l’heure où l’Education nationale planche sur la refondation de l’école, on ne peut que lui suggérer de chausser ses bésicles pour lire Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, aujourd’hui en librairie. Ce petit guide réalisé par Antonella Verdiani, docteure en sciences de l’éducation, examine en effet plusieurs exemples français et mondiaux d’écoles dites « nouvelles » ou « alternatives ». Lesquelles, pour la plupart, ne sont pas tellement nouvelles et ne devraient plus être alternatives en 2012.
Car ces établissements qui ont « du sens » s’appuient surtout… sur du bon sens. Que disent ces adeptes des pédagogies Montessori, Freinet, Living School, ces partisans de l’Education lente ? Une vérité quasi inaudible au pays de Jules Ferry : une classe accueille  des personnes avant d’accueillir des élèves. Des personnes avec des goûts spécifiques, des dispositions, un rythme à soi, des phobies, des lacunes… Bref des identités à part entière, ignorées – sinon piétinées – par une institution verrouillée par le classement, la notation, la sélection et la compétition. Autant de marottes qui conduisent naturellement à l’exclusion des plus fragiles, des moins scolaires, qui sont aussi souvent les plus modestes. Autrement dit, une machine à fabriquer des cancres.

Cultiver le « trésor intérieur »

Dans les écoles listées par Antonella Verdiani, les enfants travaillent en groupe plutôt qu’en rivalité, apprennent à leur rythme, s’auto-évaluent plutôt que de passer dans les « grilles » imaginées en haut lieu, donnent leur avis et se lèvent en classe pour chercher des feuilles quand ils en ont besoin. Ils pratiquent aussi la non-violence, le jardinage ou le recyclage au même titre que l’algèbre ou la grammaire. N’apprennent pas par cœur les strophes de Maurice Carême, mais imaginent les leurs. Ne gribouillent pas des faux Paul Klee, mais dessinent ce qui leur passe par la tête – et même ne dessinent rien si rien ne leur passe par la tête. Ces pédagogies douces, à l’écoute, qui s’efforcent de cultiver le « trésor intérieur », ce potentiel qui sommeille en chacun plutôt que d’imposer à tous les mêmes horizons.
On entend d’ici les doutes : est-il bien envisageable d’imposer aux 15,2 millions d’écoliers,  collégiens, lycéens et étudiants hexagonaux une école onéreuse, pensée pour une poignée de rejetons venus le plus souvent de familles favorisées ? C’est oublier ce que rappelle Antonella Verdiani : que ce que nous nommons « pédagogie alternative » est, à peu de choses près, l’ordinaire pour les petits Scandinaves – champions du monde dans les classements scolaires mondiaux.


 Antonella Verdiani, Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, Actes Sud, 188 p., 22 euros  

Interview sur Terrafemina.com

L’école autrement : 

les pédagogies du bonheur expliquées par Antonella Verdiani

Docteur en sciences de l’éducation, Antonella Verdiani signe Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, en librairie le 26 septembre. Elle y décrit les « pédagogies et méthodes pour éduquer à la joie » qu’elle a pu observer en France mais aussi ailleurs dans le monde, notamment lors de sa mission de responsable des questions d’éducation pour l’UNESCO. Un ouvrage précis et argumenté qui explique les différentes pédagogies alternatives existantes et leurs valeurs. Entretien.

L'école autrement : les pédagogies du bonheur expliquées par Antonella Verdiani 

Terrafemina : Que peut-on reprocher au système d’éducation traditionnel français ?

Antonella Verdiani : Tout d’abord, il est bien trop rigide. Il n’y a pas assez de passerelles entre les matières… Et l’apprentissage par cœur est au centre du système, sans laisser à l’enfant l’occasion de s’exprimer. La discipline seule ne sert à rien ; c’est la discipline dans la joie qui peut faire avancer. Le système italien par exemple, celui que j’ai connu enfant, est beaucoup plus basé sur l’oral ; en philosophie, tous les cours étaient parlés.

Tf : Comment penser l’évaluation scolaire sans système de notation ?

A. V : Toute l’école traditionnelle est basée sur la compétition, qu’entraîne le système de notation. Et on en oublie la coopération. C’est comme le capitalisme. Avec la méthode du Libre Progrès, les enfants s’auto-évaluent, et c’est beaucoup plus positif. 

Tf : Dans les différentes écoles alternatives que vous évoquez dans votre livre, quels sont les éléments pédagogiques qui « rendent les enfants heureux » ?

A. V : Tout d’abord, l’enfant est mis au cœur de l’enseignement, et tout est fondé sur la liberté. La liberté pour l’enfant de s’exprimer à l’oral, mais aussi physiquement ; il n’est pas obligé de rester assis par exemple. Dans ces méthodes, on donne également de l’importance au corps, il y a un équilibre entre le développement mental et physique. Sans pour autant aborder la religion, ces pédagogies alternatives sont ouvertes à la dimension existentielle de la vie ; on n’aura pas peur d’aborder la question de la mort par exemple, face à un enfant qui perd un proche. La place est laissée aux émotions, contrairement à l’école traditionnelle où il ne faut pas pleurer ou trop rire.

Tf : Quelle expérience personnelle avez-vous de l’école, en tant qu’ancienne élève et mère ?

A. V : Moi j’ai suivi mon cursus en Italie, qui était déjà beaucoup influencé par le système Montessori. Avec mes enfants, j’ai eu l’occasion grâce à leurs choix de voir différentes méthodes : mon premier est allé dans une école publique à Paris, le deuxième dans une école nouvelle, au fonctionnement très proche du système Freinet, et la troisième à l’école alternative de Brockwood Park en Angleterre.

Tf : D’après vous, comment vont évoluer les systèmes d’éducation alternatifs qui existent actuellement ?

A. V : On en est au début, mais il y a déjà beaucoup d’expériences qui se font dans le domaine des pédagogies alternatives, et également au niveau de l’université. Le problème, c’est peut-être que ces initiatives sont trop isolées.

Tf : Comment voyez-vous l’école du futur en France ?

A. V : J’espère que la réforme de l’école par le gouvernement qui est en cours ira dans ce sens-là… Je suis confiante, il y a quelques représentants des écoles alternatives parmi les experts qui réfléchissent à la réforme. On verra ce que ça donnera…

« Ces écoles qui rendent nos enfants heureux », Antonella Verdiani, éditions Actes Sud – Domaine du possible, 22€. 


Crédit photo : Fanny Dion
Retrouvez notre dossier spécial consacré à l’Ecole autrement.

VOIR AUSSI

L’école autrement : 

Living School, école du savoir être

Il n’y a pas que les maths et la géo dans la vie, et pour absorber compétences et connaissances, Living School (Paris, XIXe) mise plutôt sur la confiance en soi et l’épanouissement. Une école primaire bilingue et écocitoyenne qui a fait ses preuves. Comment ça marche ?

L’école autrement : Living School, école du savoir être


Dans les classes de Living School, on ne va pas au coin quand on a volé la gomme du voisin : on fait un exercice de respiration et on calme son crocodile –comprenez sa colère-, seul, au calme, ou en déversant sa rage sur un punching-ball. Caroline Sost, ex-responsable RH dans un grand groupe, s’est reconvertie en 2007, pour monter un projet qui lui ressemble. C’est un master pour le développement du leadership éthique qui lui a mis la puce à l’oreille. « Cette formation s’adresse aux cadres dirigeants qui veulent combiner performance et sens, épanouissement et responsabilité », explique Caroline Sost. Une prise de conscience globale s’opère en elle, sur l’état de la société, des entreprises, du monde. Elle y découvre aussi la psychologie d’évolution et le concept de savoir être : «  cette discipline nous enseigne que nos qualités, nos défauts, nos croyances et notre personnalité ont un impact sur nos savoir-faires ». Concrètement, tout comme un manager mal dans sa peau peine à insuffler de l’énergie à son équipe, un prof qui n’a pas confiance en lui ne peut pas aider un enfant à s’épanouir. Tout se tient. Elle décide de s’investir dans un projet éducatif.


Les notes remplacées par l’auto-évaluationAprès avoir fait le tour des méthodes pédagogiques et des écoles alternatives, Caroline Sost ne trouve pas le concept qui la botte. Qu’à cela ne tienne, elle décide de monter sa propre école. Objectif : mettre en place un programme épanouissant pour donner confiance à chaque enfant. L’envie d’apprendre et de créer doit découler naturellement de cette émulation. « Chaque enfant a un énorme potentiel créatif, on ne part pas des lacunes, mais des réussites », explique la fondatrice de l’école. En effet, le système de notes est aboli, on progresse par ceintures de couleur : l’enfant quand il se sent prêt peut décider de passer sa ceinture bleue dans une matière, il va alors s’auto-évaluer. S’il réussit, il se met à découvrir les compétences suivantes pour passer la ceinture suivante. S’il échoue, il revoit les points bloquants et peut repasser sa ceinture à tout moment. « Nous sommes contre les notes qui créent de la compétition et un rapport tordu à la connaissance », justifie Caroline Sost. Ici, on fête plutôt les succès dans un « cahier de réussites » ; une éthique qui va dans le sens de bon nombre de recommandations récentes pour une réforme de l’écolePlus d’encouragements, moins de sanctions. Ce credo ambitieux et idyllique émane de l’expérience personnelle de Caroline Sost : « je pense qu’il faut reprendre notre système scolaire à la base. Les standards où j’ai étudié, prépas et grandes écoles, m’ont appris à être une bonne exécutante, à obéir à mes boss, mais pas du tout à être créative et à répondre aux enjeux relationnels et humains de cette société ».
living school défoulement
Séance de défoulement pour un élève de Living School


150 écoles en 20 ansConfiance en soi, esprit critique, gestion de sa relation aux autres, mais aussi écocitoyenneté et anglais, font partie intégrante du programme de l’école élémentaire Living School. « Les enfants apprennent à analyser leurs émotions et leur agressivité, ils sont plus matures et capables de dire ce qu’ils ressentent », au point parfois de canaliser leurs professeurs emportés par leur « crocodile »… Ceux-ci reçoivent d’ailleurs, en plus de la formation classique, une formation « savoir être et éducation », destinée à s’étendre au plus grand nombre, pour diffuser la bonne parole. Seul point noir, Living School est agrémentée par l’Etat mais ne dispose pas encore du contrat qui lui permettrait de se décharger d’une partie des salaires. Réservée, donc, aux familles CSP+, mais plus pour longtemps, promet Caroline Sost, qui projette d’ouvrir 150 Living School en 20 ans. Une « masse critique nécessaire » pour faire bouger la société.


Vidéo de présentation Living School


Plus d’infos sur livingschool.fr
… et aussi dans mon livre qui sort demain, le 26 septembre 2012 : 
Antonella Verdiani Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, Actes Sud
Article publié par : www.terrafemina.com