En 2009 j’ai participé à un stage de permaculture, cette branche de l’agriculture “permanente”, fondamentalement éthique, qui utilise une approche systémique et soutenable pour les populations humaines. A l’époque, c’est à dire il y a dix ans, cette approche était encore assez méconnue (du moins en Italie du Sud!), mais, en découvrant les bases profondément humanistes de cette nouvelle façon de cultiver la Terre, j’ai eu l’impression de réapprendre des choses déjà connues et enfouies, de me remémorer des connaissances ancestrales que je croyais perdues, les mêmes qui avaient réglé l’existence de mon grand-père paysan philosophe, dans la Toscane du siècle passé.
Un des principes de la permaculture qui m’avaient le plus fait réfléchir, notamment par rapport à l’éducation (mon champs de culture à moi ), est celui qui invite à planter là où c’est déjà fertile. Cela peut sembler une lapalissade, mais aller semer et planter là où le sol donne déjà des signes, même infimes de fertilité, signifie avant tout reconnaître la vie dans la terre. Ce premier pas accompli, il s’agit ensuite de reconnaître les espèces végétales qui y naissent et qui sont spontanément adaptées au climat et au type de sol. Pour finir, on ira planter des espèces compatibles avec la végétation préexistante. Cela permet non seulement que la terre conserve sa fertilité naturelle, mais aussi de respecter son caractère et sa richesse innée.
Je suis convaincue que l’on peut transposer ce même principe à l’école et à l’éducation en général. Cela signifie, concrètement, que si un enfant est naturellement doué pour le dessin, on ne le forcera pas à étudier les mathématiques pour qu’il s’uniformise avec le reste de la classe qui suit le programme. Au contraire, en tant que adultes accompagnateurs, on cherchera à valoriser son don en le développant davantage, car c’est par la prise de conscience et la découverte de sa propre richesse qu’il pourra ensuite aller vers d’autres domaines de connaissance.
C’est tout simple, même trop simple pour certains, car c’est facile et direct, et cela ne demande pas aux enseignants de s’acharner sur les élèves en les obligeant à apprendre ce pourquoi ils n’ont le moindre intérêt. C’est ce qui se passe dans les écoles où les programmes sont choisis par les élèves eux-mêmes, ou dans les projets éducatifs divers (comme ceux issus de l’éducation démocratique) qui respectent la liberté des enfants et font confiance à leur capacité de s’orienter en suivant leurs centres d’intérêt et surtout selon ce qu’ils “aiment” faire. Tout comme la permaculture, la perma-éducation, est juste une question d’amour!