« J’ai déscolarisé mon fils », article sur Psychologies magazine

David, 60 ans, est écrivain et critique de cinéma à Toronto, au Canada. À l’adolescence, son fils Jesse décroche du collège. En désespoir de cause, David décide de le déscolariser et de poursuivre son instruction à partir de ce qu’il connaît le mieux : le cinéma.
David Gilmour a raconté son aventure avec Jesse dans un livre, Le Film club(Leduc.s éditions, 2010).

« Le jour où j’ai proposé à mon fils de 15 ans de quitter le collège, ça m’a échappé. Depuis des mois, nous cherchions une solution à ses problèmes scolaires, sa mère et moi. Mais nous n’avions jamais, au grand jamais, envisagé de le déscolariser. Et puis c’est sorti de ma bouche, comme ça, sans préméditation. Il m’a regardé avec l’air méfiant, comme s’il se demandait où était le piège. Moi, j’avais l’impression que mon coeur allait exploser d’angoisse. Une partie de moi était soulagée d’avoir enfin trouvé une solution pour Jesse, et l’autre, terrifiée de lui avoir ouvert cette possibilité. Je ne savais pas si j’étais en train de lui sauver la vie ou de la lui gâcher à tout jamais.

Le déclic

Jesse a toujours été un garçon gentil, tendre, charmant, rêveur, vivant. Un fils merveilleux que j’aime infiniment. Mais quand il a eu 13 ans, il a complètement arrêté de travailler, et même d’aller à l’école. Pourtant, il n’est ni stupide ni paresseux. Et ses professeurs étaient de bons professeurs. Mais quelque chose ne fonctionnait pas entre le collège et lui, et je n’arrivais pas à comprendre quoi. Aucun des profs ni des spécialistes que nous avons consultés, sa mère et moi, n’a été capable de nous aider. Nous avons tout essayé : la négociation, la menace, la supplication, l’explication, rien n’y faisait. Un jour, j’ai découvert que mon fils me mentait, alors que ça ne lui était jamais arrivé. Il disait qu’il travaillait, il ne travaillait pas. Il disait qu’il allait à l’école, il n’y allait pas. Il n’avait plus de cahiers, ne prenait plus de notes, n’apprenait plus rien. Il a commencé à avoir peur de moi parce que je me mettais violemment en colère contre lui. Et j’ai commencé, moi aussi, à avoir peur, très peur. J’ai senti que non seulement je ne pourrais pas gagner cette bataille-là, mais qu’en plus j’allais le perdre, lui. Je savais, au plus profond de moi, que personne ne pourrait l’obliger à aller en classe ; on pourrait seulement l’obliger à faire semblant, et à devenir un menteur et un tricheur… Alors je lui ai proposé cette chose insensée à laquelle je n’avais même pas réfléchi : il n’irait plus au collège, à la seule condition que nous regardions ensemble au moins trois films de cinéma par semaine…
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