Interview sur Myboox

Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux. Pédagogies et méthodes pour éduquer la joie

Réforme de l’école : la Finlande, le modèle de Vincent Peillon ? 

Article de Lauren Malka http://www.myboox.fr/actualite/reforme-de-l-ecole-la-finlande-un-modele-pour-la-france–20617.html

22/01/2013

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Le système éducatif finlandais apparaît visiblement comme le modèle à suivre pour Vincent Peillon. De quelle méthode s’agit-il ? Antonella Verdiani, auteur du livre Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux, paru en septembre 2012 chez Actes Sud, nous  éclaire. 

« Nous allons faire comme la Finlande. Il y aura parfois deux enseignants dans une classe de CP ou de CE1 pour apprendre à lire où à écrire« , a déclaré le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon au Grand Journal sur Canal + lundi 21 janvier, à la veille de sa première grève d’enseignants, ce mardi.
 
Que signifie « faire comme la Finlande » ? Et pourquoi le modèle nordique revient-il de façon aussi récurrente dans les discours liés aux réformes de l’éducation ? Pour Antonella Verdiani, docteur en science de l’éducation, responsable pendant 18 ans des questions d’éducation à l’UNESCO et auteur d’un livre récent intitulé Ces Ecoles qui rendent nos enfants heureux(Actes Sud, 2012), le modèle finlandais devient clairement l’un de ceux auxquels les chercheurs s’intéressent le plus. « Des cars entiers de professeurs de toute l’Europe vont en Finlande pour y faire leur stage ».


La Finlande : des enseignants valorisés, un système éducatif plus coopératif


Comment expliquer une telle popularité ? « Tout d’abord, nous explique Antonella Verdiani, le système finlandais valorise le métier d’enseignant. La formation dure environ 5 ans ou plus, la sélection est importante et le salaire est intéressant dès le début de carrière. C’est une profession reconnue socialement. Ensuite, leur façon d’enseigner est bien moins directive que dans d’autres pays. En France par exemple, le mobilier du professeur est symboliquement très hiérarchique, en particulier dans les universités ou les amphithéâtres sont très intimidants, tant pour le prof que pour les élèves. En Finlande, par exemple, les élèves sont mobiles et travaillent dans un esprit plus coopératif, par projets collectifs et non par performance individuelle. Je pense par exemple à une école expérimentale située à Joensuu ».
 

Au Canada, un modèle d’école alternatif et public

Mais la Finlande n’est pas le seul pays à proposer ce type de méthode et n’est d’ailleurs pas central dans l’enquête d’Antonella Verdiani. Le Canada apparaît, aux yeux de cette spécialiste, comme un exemple tout aussi pertinent : « A Jonathan par exemple, une école publique située au Québec, les élèves sont libres d’établir leur propre programme scolaire, de travailler sur les sujets qu’ils choisissent. Les élèves ne sont pas compartimentés par niveaux de classes mais coopèrent tous pour des projets communs, dans des logiques collectives. Les plus grands aident les plus petits. C’est une méthode qualifiée ici d’ »alternative » mais qui est « publique » au Canada »


Antonella Verdiani : « Je suis déçue par le rapport de l’éducation »


Peut-on espérer que les projets de loi de Vincent Peillon tendent dans le sens d’un développement similaire à celui de la Finlande ou du Canada ? Pour Antonella Verdiani, difficile à dire pour l’instant. « A ce jour, il n’y a que des projets de loi qui tentent de mettre tous les syndicats d’accord, ce qui est très difficile, je le reconnais. Cependant, je suis déçue par le rapport que je viens de lire. J’attendais plus de réflexion sur le rapport pédagogique. Ce n’est pas une demi-journée en plus qui changera quelque chose. Je serai plus optimiste le jour où je verrai un projet de réforme qui s’inspire davantage des modèles alternatifs et expérimentaux en supprimant les notes et en introduisant plus de coopération entre les élèves« . Aucune proposition de ce type ne se dégage pour l’instant des projets de loi.
 
Vincent Peillon s’appuie pourtant sur des principes proches de ceux des pays cités par la spécialiste, en évoquant l’importance du plaisir d’apprendre et de la valorisation de l’enseignant. On en saura plus en découvrant le livre-programme du ministre-philosophe Vincent Peillon à paraître le 23 février prochain.
 
L.M.