Auroville – Ces écoles qui rendent nos enfants heureux

Le Club de Budapest a le plaisir de vous
inviter 
à une soirée qu’il co-organise avec les associations Auroville International
France (AIF)
et le



sur le thème 

 Auroville –
Ces écoles qui rendent nos enfants heureux



Présentation d’Auroville et de l’éducation à
Auroville
avec Antonella Verdiani, Nadia Loury et Yves Fisselier

Le Mercredi 26 Mars 2014
à 19h30 
au Forum 104

104 rue de Vaugirard 75006 Paris 
(Métro : Sainte Placide, Duroc ou Montparnasse)

A la fin des années soixante, à côté de
Pondichéry en Inde, l’idée d’une ville dédiée à l’unité humaine voit le jour, fondée
sur l’expérience spirituelle d’un visionnaire indien du nom de Sri Aurobindo. C’est
une Française, Mirra Alfassa, qui va tout mettre en œuvre pour qu’Auroville se
matérialise. En 2013, ce projet de cité universelle réunit près de 2 500
personnes venant de tous horizons confondus, représentant près de 50
nationalités différentes. 
Dans ce contexte, l’éducation constitue
l’un des aspects privilégiés pour mettre en œuvre cette vision. Nombreuses sont
les écoles qui s’inspirent de « l’Education Intégrale » ou des
principes du « Libre Progrès » ; quel sens revêtent les termes de
« Libre Progrès » ou « d’Education Intégrale » ? Nous
explorerons où et comment ils sont appliqués aujourd’hui.

La soirée sera Co-animée
par Antonella Verdiani, Présidente de l’association le « Printemps de
l’Education », Nadia Loury Présidente d’A.I.F et Yves Fisselier du Club de Budapest. Antonella
est l’auteure du livre publié par Actes Sud, « Ces écoles qui rendent nos
enfants heureux », dans lequel elle relate l’exemple d’Auroville. Nous
tenterons de répondre à ces questions avec la présence d’anciens élèves auroviliens
qui partageront leur expérience.

Pour vous inscrire en ligne :

Le nombre de places
étant limité, l’inscription est indispensable. 
10 €, 5 € pour les étudiants et
personnes en difficulté financière. 
Verre de l’amitié.

Cliquez sur ce lien pour vous inscrire : http://www.weezevent.com/auroville-ces-ecoles-qui-rendent-nos-enfants-heureux

Si nécessaire, copiez le lien dans la barre d’adresse de votre navigateur.



Contact : yves@fisselier.fr

Le Libre progrès

La méthode du Libre progrès (Free Progress) 


Le Libre progrès, est une méthode pédagogique considérée
aujourd’hui encore comme une des plus innovantes du point de vue de
l’expérimentation en éducation. Originalement cette pédagogie a été élaborée
sous ce nom en 1960 à l’Ashram de Pondicherry  (le SAICE, Sri Aurobindo International Center of Education) en Inde, inspirée par la consigne essentielle donnée par
la Mère, la compagne spirituelle de Sri Aurobindo: « rendre les gens heureux ». C’est à ce moment que un enseignant de l’Ashram,
élève de Mère, propose à titre d’essai un enseignement « libéré des
programmes et des examens »… L’expérience est donc baptisée Libre
progrès
 : libre parce que l’élève, en effet, est laissé libre de
s’orienter vers ses préférences propres pendant qu’il progresse vers
l’expression la plus haute de son potentiel.   
Dans le Libre progrès, l’enfant choisit ses
sujets d’études sur la base de ses centres d’intérêt et il voit l’enseignant
quand il besoin d’être guidé, conseillé sur un argument ou un autre. Ici, selon
les principes de l’éducation intégrale, l’enseignant est un « gourou »,
selon l’étymologie sanskrite qui signifie «enseignant »,
« professeur », ou « celui qui dissipe les ténèbres », dans
une position distante mais présente à la fois. Aujourd’hui le Libre progrès est encore adopté par des élèves
du supérieur de l’école de l’Ashram et, avec une adaptation au contexte
international et interculturel, dans des écoles d’Auroville. 
A l’école de l’Ashram des grandes photos de Mère et Sri Aurobindo sont affichées sur les murs des classes
et les références aux « gourous » sont extrêmement fréquentes, comme
l’affirme par exemple cette enseignante :
 « Il y a
beaucoup d’indications écrites. Ca veut dire qu’il y a des livres où la Mère a
dit exactement, ce qu’il faut faire à
l’école avec les enfants – comment enseigner. (…) Mère dit dans ces écrits que
le Libre Progrès ne veut pas dire qu’il n’y a plus de discipline ;  pour discipliner les enfants il y a des
activités. Il faut les faire. »
Dans
un entretien avec A., ancien élève et jeune enseignant du SAICE, j’ai posé la
question de l’influence de la présence de Mère qui me paraissait être encore
très forte, par la citation de ses écrits ou encore, par les témoignages de ses
anciens disciples qui sur tel ou tel sujet, rappellent ce que Mère a dit:  « Est-ce que les parents des
enfants de l’école de l’Ashram ressentent cette présence comme un besoin ou,
plutôt, comme les parents d’Auroville ils commencent à revendiquer une certaine
liberté par rapport au passé ? », A. répondait :
« Ses messages
et commentaires servent certainement de guide dans l’école de l’Ashram. Mais
peut-être que l’on pourrait examiner la question d’une perspective plus large,
plus « intégrale » ? Mère a dépensé une partie importante de ses
énergies pour enseigner, construire et guider l’école de l’Ashram pendant que
les écoles d’Auroville, par la force des choses, étaient laissées à elles mêmes
pour comprendre et mettre en œuvre le Pourquoi,
le Quoi et le Comment de l’Education intégrale.
Par ailleurs, il faut considérer les différences de culture entre Auroville et
l’Ashram (l’influence de la culture sur l’esprit de l’Ashram et d’Auroville).
L’Ashram, avec une majorité d’indiens parmi les parents, les professeurs et les
étudiants, tend vers l’évocation de la Bhakti
ou Dévotion, cela signifie que les parents ont la foi et la confiance que
leurs enfants grandiront sous l’égide de la Mère dans l’école de l’Ashram.  Il y a un élément de lâcher prise très
fort en eux. Les écoles d’Auroville, étant des organisations beaucoup plus
jeunes avec une population en provenance de pays de culture occidentale, ont
une tâche redoutable en voulant mettre en place un système d’Education
intégrale. A cela il faut ajouter la difficulté du fait que la culture
occidentale tend a rationaliser et douter de tout, ainsi la composante de
confiance de la part de parents issus de cette culture est certainement moins
forte. »


Jean, français, qui aujourd’hui enseigne à Auroville, a participé à l’Ecole du Libre Progrès (de 1969  à 1977) et connu Mère qui suivait de près cette expérience pédagogique avec des enfants de 9 – 11 ans du cours primaire. Il parle de ces années comme des plus belles de sa vie. Je lui demande de me les décrire en allant dans ses souvenirs. Ses yeux prennent un air rêveur…
« C’était vraiment passionnant ! Nous étions libres et protégés en même temps: libres de faire cette expérience avec quelques élèves de notre école, leurs parents étant eux-mêmes dans l’Ashram, donc totalement confiants dans les décisions prises par Mère. Protégés, du fait que nous étions en dehors du système scolaire public, sans contraintes de diplômes ou d’examens à donner à la fin du cursus. Il faut savoir que tous les enfants ne pouvaient pas suivre le Libres Progrès, qui était (est) destiné seuls à ceux qui étaient « près de leur être psychique » comme disait Mère. Je pense que ceci est encore vrai car il y a des élèves qui ont besoin d’être encadrés par une structure ou un système, tandis que d’autres, s’ils sont accueillis dans un environnement propice qui les fais sentir libres de s’exprimer et confiants, sont assez rapidement en mesure de reconnaître ce qui les intéresse, ils savent par quoi ils sont portés et attirés à l’école comme dans la vie. » 
Je lui demande comme savoir si un enfant est « prêt de son être psychique » ; comment fait-il pour le reconnaître ? Il me dit « ça dépend justement, de la capacité de l’enseignant de capter cet aspect dans l’enfant. Mère pouvait le faire tout de suite, moi, je me base sur mon expérience, ce que j’ai développé pendant toutes ces années. C’est donc une capacité de l’enseignant à être d’abord prêt de lui-même pour pouvoir reconnaître l’enfant qui l’est aussi. L’élève démontre en premier son potentiel, l’enseignant observe, « cueille » ce que l’enfant offre, comme dans un jeu à deux. Sri Aurobindo disait que le maître doit être avant tout un yogi, reconnaître son être intérieur et guider l’élève vers son épanouissement. C’est ce qu’on cherche à mettre en place ici, à Auroville». 


RENOUVELER L’EDUCATION

L’éducation à la Joie :
de Sri Aurobindo à l’éducation intégrale moderne.*
Antonella Verdiani

« Nous n’appartenons pas aux aurores du passé,
mais aux midis de l’avenir»
Sri Aurobindo[1]


1. Invisibilité du possible et réalité : la Joie dans la recherche – action existentielle. 
Ce texte part du constat qu’un
changement majeur est en train de se produire actuellement concernant les
paradigmes fondateurs de notre vie sur Terre, ce que le promoteur de ce livre
collectif appelle des «enjeux anthropologiques nouveaux ». « L’axe du
monde change, la pyramide s’inverse [2]» :
au cœur même de cette mutation, qui n’est pas à l’abri de ruptures violentes, mais
aussi de progrès lumineux autant qu’inattendus, l’éducation a sa place
centrale. Que nous soyons philosophes ou militants, enseignants ou parents,
notre rôle d’éducateurs est d’accompagner cette mouvance et accueillir ce qui,
de toute manière, est déjà là: une humanité naissante plus juste, solidaire,
reliée. Ma contribution à une nouvelle philosophie de l’éducation se place dans
cette prospective.
Ce
que j’écris, je l’écris à partir de mon expérience. Telle est ma posture dans
la recherche, dans l’écriture, dans la vie. Passionnée, souvent incommode, elle
est le reflet d’une nécessité constante d’être au plus près de la vérité. Une
vérité qui est la mienne, donc relative, imparfaite, mais sincère. C’est une
exigence qui me rend à la fois marginale face à l’Institution et à la fois
libre, dans une radicalité qui me rappelle parfois celle de l’Art et de la
création, domaines dans lesquels je place la recherche-action  existentielle.
Ma
vérité, mon chemin, sont pavés d’incertitude et de doutes. C’est l’incertitude
liée à la connaissance, dont nous parle Edgar Morin dans sa théorie de la complexité,
incertitude qui semble être étrangère à la culture et à l’école occidentale. Par
elle, il s’agit de reconnaître « les zones d’ombre » que la réalité a
pour nous, afin de « savoir qu’il y a du possible encore invisible dans le
réel »[3]
et de reconnaître à quel point la connaissance peut être parsemée d’erreurs et
d’illusions. Nous sommes de plus en plus à le dénoncer et nous le savons
bien : le système éducatif dominant laisse peu de place au doute et à
l’inattendu car il est bâti sur un ensemble de certitudes sociales et
économiques, telles que le succès, la performance, le modèle gagnant, la
sécurité du poste de travail, la compétition, le pouvoir… Paradigmes sur
lesquels nous avons bâti notre vision du développement et qui aujourd’hui sont
systématiquement balayés par l’ouragan de la mutation collective en cours, avec
tout ce qu’il peut provoquer de sentiments d’angoisse individuelle et
instabilité sociale. Mais, en nous inspirant de la langue chinoise qui donne au
mot de « crise » le double sens de danger et d’opportunité, nous
savons bien que ce sont ces mêmes incertitudes qui, une fois accueillies, nous
feront grandir en humanité. C’est aussi le doute qui s’empare de tout chercheur
impliqué (le doute social, le doute scientifique et le doute ontologique). Le
seul questionnement possible étant existentiel, c’est à partir de ceci que
« je (me) cherche » en tant qu’être humain d’abord et en tant que
professionnelle de l’éducation en suite.
« Un jour vient où nous ne
savons plus vraiment qui nous sommes » nous dit René Barbier[4]  « de plus en plus et de mieux en
mieux, nous apprenons à dire « je ne sais pas »(…). Dans un tel
processus, nous devenons « autre » par les autres et le monde ».
J’ai
donc fait du « je ne sais pas », la devise de départ de mon travail, dans
un processus qui n’est pas sans rappeler l’autorisation
noétique
  de Joëlle Macrez – Maurel:
« un voyage intérieur (et/ou
extérieur) durant lequel un processus interne et continu de transformation de
Soi démarre lorsque l’individu s’ouvre (suite à un flash existentiel, une prise
de conscience de son ignorance et de sa souffrance, ou à un questionnement sur
le sens de la vie) à un profond désir de changement et se confronte à
l’inconnu, rencontre des archétypes ou symboles numineux qui le touchent,
l’ébranlent et lui dévoilent le réel derrière la réalité, l’esprit derrière la
psyché, le monde ontologique derrière le monde des apparences, le monde de
l’intelligence derrière le monde de la signification.»[5]
C’est
donc par ce nouveau regard épistémologique intégrant l’existence d’autres plans
de réalité, projeté au delà et à travers les connaissances, trans disciplinaire, que j’ai commencé
à guetter « l’impossible réel » de et dans la Joie. Absolue, la quête
sur la Joie en éducation exige, tel un acte de foi, un abandon à l’existence et
à son sens caché. Pour moi la question de ma posture dans la recherche a été
des plus simples : comment rechercher, communiquer, éduquer à la Joie sans
être joyeux ? Sans, comme le disent les tibétains, entreprendre le chemin
pour aller contacter de plus près ce « fond lumineux de l’être » [6]
qui nous habite tous ? Chaque explorateur des profondeurs le sait
bien : le processus alchimique de transformation de la matière en or ne se
fait pas sans douleur.  En ce qui me concerne, c’est par l’acte de l’écriture
que j’arrive graduellement à éclaircir mes zones d’ombre. Ecrire sur la joie
devient ainsi un acte d’auto formation par excellence, s’éduquer à la Joie.
2. Suivre le fil de la Joie :
l’éducation intégrale …

* extrait de mon article paru dans Renouveler l’éducation. Ressources pour des enjeux anthropologiques nouveaux. Sous la direction de Jean-Daniel Rohart, Chronique Sociale, mars 2013  



[1] Cité
par Joshi Kireet Philosophy and yoga of Sri Aurobindo
[Philosophie et yoga de Sri Aurobindo] dans une conférence donnée à Rajendra
Bhawan, Deen Dayal Upadhayaya Marg, New Delhi, 23 novembre 1998.
[2] Milis
Marie Exercices pratiques d’autolouange
Payot, Paris, 2010. Marie Milis, professeur de mathématiques et d’éthique à
Bruxelles, enseigne et pratique l’autolouange avec ses élèves et aussi au sein
de l’association Initiations.
[3] Morin
Edgar, Les sept savoirs nécessaires à
l’éducation du futur
, Le Seuil, Paris, 2000
[4] Barbier
René, art. « À propos de la recherche en éducation » dans Journal des chercheurs, 24 septembre
2006 (http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=651)
[5] Macrez- Maurel Joëlle, S’autoriser à cheminer vers soi :
Aurobindo, Jung, Krishnamurti
, Vega Editions, 2004
[6] Ce qui
rappelle la belle expression de Gaston Pineau : « Lointaine est
encore l’époque où la science pourra rendre compte des consciences les plus
conscientisées pour lesquelles la nuit est le fond lumineux de l’être éclairant
le jour »  in G. Pineau Produire sa
vie : autoformation et autobiographie
,
Montréal, Albert St-Martin/ Paris, 1983